Bienvenue sur le site de mobilisation citoyenne pour une France des collectivités bio et sans pesticide !
Cette campagne a pour but de recenser, encourager et valoriser au niveau national l’effort de nombreuses collectivités, à réduire ou éliminer l’usage des pesticides et/ou à promouvoir l'agriculture bio.
La commune de Barjac est la grande gagnante dans la catégorie des "communes bio", a reçu le 1er prix pour les "communes de 1000 à 2000 habitants" et le 3e prix des "communes bio sans pesticides". Voici l'histoire de Barjac racontée par son maire, Edouard Chaulet.
"Avant notre élection en 1989, la municipalité précédente déléguait à l’Association des parents d’Élèves le soin de nourrir les enfants. Une manière de signifier qu’il y avait bien trop de gratuit, de public, comme à l’école, sans y rajouter les repas !
Notre première préoccupation fut de réparer les locaux, d’embaucher et de titulariser les deux cantinières et d’imposer des repas équilibrés à ces affectueuses bourreuses de ventres ! Evidemment, les coûts ne furent pas comparables. Il faut savoir ce qu’on veut. Le repas bon est cher mais ne se jette pas .Il fait des heureux.
Nous avions déjà signifié que la question du repas s’intégrait à la santé, l’éducation, la lutte contre l’échec scolaire et au moral des troupes [...] !
La restructuration de l’établissement scolaire a cédé cette première cantine à une garderie centre de loisirs. La salle des fêtes du bourg, qui n’avait pas sa place au sein de l’école, fut transférée au château ainsi que le local réservé au 3ème âge. L’espace récupéré nous a permis de créer 3 beaux outils bien à nous : une petite cuisine centrale jouxtant, c’est important, un restaurant scolaire avec des cuisiniers qualifiés et un service de portage de repas domicile pour les personnes âgées ou handicapées. Nous avions hâte surtout d’apporter pour un prix social aux enfants du public et du privé un bon repas copieux et équilibré. [...]
Des semaines du gout, des essais bio, des échanges culinaires, des repas à thème, des spécialités étrangères furent menés, préliminaires à notre Révolution. Toujours les sacro-saintes règles HACCP traquaient les microbes. . Qui dicte les normes derrière les décideurs
L’arrive d’Aline, diététicienne, au Conseil Municipal, le renforcement de l’équipe de cuisine, une sensibilisation nouvelle aux problèmes de l’environnement et aux poisons pernicieux que sont les pesticides, sur lesquels les normes européennes sont bien moins rigoureuses que contre les bactéries nous ont amenés à entendre l’Association « Un plus Bio » et à nous convertir.
Nous n’ignorions plus le danger pour les enfants : deux d’entre eux, atteints du cancer, avaient bouleversés le village, tout comme le décès de quelques agriculteurs.
Aujourd'hui, nous préparons plus de 250 repas. D'autres villages viennent s’approvisionner ; nous ne sommes pas des marchands, mais leurs achats diminuent les coûts de notre service public. Chaque conseil municipal fut fier de manger de l’argent soigner l’enfance, l’école et les personnes âgées. C’est une décision politique, un CHOIX !
Notre resto du coeur était né que je préfère appeler Service Public de Restauration Éducatif, Social et de Santé, promoteur d’une agriculture d’avenir, respectueuse de la nature.
Informés que nous avions eu notre révélation sur le chemin de Damas, Jean-Paul JAUD, réalisateur, décida de filmer les 4 premières saisons de notre aventure. Le bio nous couterait plus cher, les approvisionnements seraient plus difficiles ? On verrait bien ! Il est des moments où il faut agir en conscience. Le bio augmente le travail sur les produits. La découpe des poulets de la Grange des Près prend 2 heures mais c’est du circuit court et les enfants savent qu’un poulet n’ a pas 1000 pattes !!!
Il n’y a pas de quoi solliciter la sécurité sociale à qui nous épargnerons les charges de l’ennemi Cancer flanqué de ses comparses Alzheimer et Parkinson, ni l’Académie qui connaîtra moins d’échec scolaire, de violence et d’agitation, induites par des aliments malsains.
L’œil obligeant de la caméra de Jaud se fit oublier très vite. enfants et parents. La proximité des cuisiniers et du restaurant scolaire fondrent une nouvelle place au repas, profondément éducative : sens des saisons, du partage, respect de l’aliment animal ou végétal. Il faut en faire résolument un moment solennel, sacré, dans le style du maître d'hôtel. L’enfant doit savoir ce qu’il mange, d’où cela vient, par qui et comment c’est fait. Le repas des enfants ne doit pas être la variable d’ajustement du budget des familles et des communes. J’ai appris cela dans une famille ouvrière de 7 enfants : aimer c’est donner, manger, et rien n’est trop bon, trop sain pour l’enfant. L’éducation de ses papilles vaut celle de son oreille ou de son regard. N’oublions pas que les impressions se gravent pour toujours, qu’elles vont servir de repère. Il n’est pas fatal que les générations futures soient agueusiques, expéditives et solitaires, condamnées à la néfast-food. Les hommes d’affaires ont bien compris l’intérêt d’une bonne table tout comme les vrais chefs de famille et les bons copains. Pourquoi l’enfant est-il conditionné à un hédonisme gastronomique limité au gras, au sucre, aux colorants avec des E plein l’assiette ? Ignorante des terroirs et des saisons, sa ration de consommateur hors-sol prépare bien des talons d’Achille de sa santé et ses comportements de futur adulte.
Les cuisiniers s’enthousiasmèrent pour leur métier et se découvrirent pédagogues ; de nombreux parents d’élèves poussés par leurs enfants devenus co-citoyens se mirent au diapason. Les boulangers du village, quelques commerçants du marché aussi…
Avec les paysans la mutation est plus difficile. Ni les subventions, ni les formations, ni leurs rémunérations, ni l’accès au foncier ne les encouragent. Leurs revenus se font en vendant une terre pour bâtir ou par des primes d’arrachage et des subventions humiliantes. Ils ne sont plus maîtres chez eux, les firmes leur tiennent la main. Ils n’ont plus la fierté de voir les fruits de leurs peines réjouir les gens. Leur santé est en cause, quelle pitié ?! Le métier avec ses revenus et sa qualification de survie ne motive plus leurs enfants. La transmission filiale est difficile. Transformée en exploitants ou chefs d’entreprises, la profession a perdu le sens du beau nom de paysan, un métier infiniment complexe qui doit être déclaré d’utilité publique majeure.
A notre modeste niveau, nos commandes peuvent les encourager car il y a pénurie de produits bio, qui se vendent bien et rapportent. Je suis convaincu que d’autres communes vont être conquises ce qui nécessitera des sols vivants et durables, des plantes et des animaux sains pour des humains en bonne santé et heureux. Et l’agriculture, comme la science, en conscience ne sera plus « la ruine de l’âme » .
Les difficultés pour obtenir des volailles, des farines bio nous ont interpellés. A 3 km de la cuisine centrale, une métairie vieille de 4 siècles se libérait, représentant 120 ha. Un immense et beau bâtiment domine des sols longtemps abusés, appauvris par maintes passes de grandes cultures céréalières. La SAFER et Terre de liens, foncière associative, en ont décidé autrement. Les terres libres seront consacrées au bio. Une équipe de paysans en cours de constitution assurera la relève. Circuit court, bio, réimplantation de paysans polyvalents, réhumification de sols… Tout y est !
L’enjeu est énorme, le grand navire agricole vire de bord, lentement. Les paysans reviendront, comme le temps des cerises…"